Dossier les mutilations sexuelles feminines

Qu’est-ce que l’excision?

L’excision, appelée aussi Mutilations sexuelles féminines (MSF) ou Mutilations génitales féminines (MGF) recouvre toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes sexuels externes de la femme ou autre lésion des organes sexuels féminins. Il existe donc plusieurs formes et pratiques d’excision et l’âge des filles au moment de l’excision varie fortement.

L’Organisation mondiale de la Santé distingue 4 types de mutilations sexuelles féminines :

  • La clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris.
  • L’excision : ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans ablation des grandes lèvres.
  • L’infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par ablation et accolement des petites lèvres et/ou des grandes lèvres, avec ou sans ablation du clitoris.
  • Les formes non-classées de MSF : toutes les autres interventions nocives ou potentiellement nocives pratiquées sur les organes sexuels féminins à des fins non thérapeutiques.

Ma mère me dit que c’est la tradition qui le veut, pas elle…

L’excision est souvent justifiée par la tradition. Mais les traditions changent elles aussi. Ton corps t’appartient et doit rester en bonne santé. Or l’excision a des conséquences sur ta santé physique et psychologique. Il faut donc lutter contre l’excision parce que :

  • L’excision est une violation des droits humains
  • Tous les enfants ont droit à un corps en bonne santé, à l’intégrité physique et psychologique
  • Aucun  texte religieux au monde ne prescrit l’excision
  • L’excision est interdite au Cameroun comme dans de nombreux autres pays
  • Les filles et les femmes non-excisées ont moins de douleurs, sont en meilleure santé et vivent plus longtemps
  • L’excision peut rendre stérile
  • Les femmes non-excisées ont moins de problèmes lors des accouchements
  • La fidélité d’une femme à son mari ne dépend pas de l’excision

Contacte-nous, nous sommes là pour t’aider.

L’excision est-elle interdite au Cameroun?

Oui. La loi 2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code pénal (ses articles 277 et 277-1) punit d’un emprisonnement de 10 à 20 ans celui qui procède à la mutilation de l’organe génital d’une personne, quel qu’en soit le procédé.  “La peine est l’emprisonnement à vie : si l’auteur se livre habituellement à cette pratique ou si il le fait à des fins commerciales ; si la mort de la victime en résulte.”

Je ne sais pas si je suis excisée et ce que cela pourrait signifier?

Il y a beaucoup de femmes qui ne savent pas si elles sont excisées ou pas. Si l’excision a eu lieu dans la petite enfance, les femmes n’ont pas de souvenirs conscients. De plus l’excision est un sujet tabou dont on ne parle pas avec sa mère ou avec d’autres proches. Si cette question te préoccupe, contacte-nous. Nous sommes là pour t’aider.

Je suis excisée et enceinte. J’ai peur. Qui peut m’aider?

Il existe des professionnels de santé qui ont de l’expérience pour les accouchements des femmes excisées. 

Contacte-nous. Nous pouvons te mettre en relation avec un professionnel de santé partenaire.

Quels sont les risques liés à l’excision ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’excision ne présente aucun bienfait. Uniquement des dangers pour la santé et le bien-être des filles et des femmes. Tout au long de leur vie. L’OMS dénonce les conséquences immédiates de l’excision telles que : infection, hémorragie et traumatisme psychologique. Les femmes mutilées sont en outre exposées à un plus grand risque de complications potentiellement mortelles à l’accouchement. Le bébé également peut courir un risque grave lors de l’accouchement. Des douleurs lors des règles et des rapports sexuels ainsi que des problèmes urinaires sont également possibles. 

Pour en savoir plus

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les MSF 

Principaux faits

  • Les mutilations sexuelles féminines recouvrent toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales.
  • Ces pratiques ne présentent aucun avantage pour la santé des jeunes filles et des femmes.
  • Elles peuvent provoquer de graves hémorragies et des problèmes urinaires, et par la suite des kystes, des infections ainsi que des complications lors de l’accouchement, et accroître le risque de décès du nouveau-né.
  • On estime que plus de 200 millions de jeunes filles et de femmes, toujours en vie, ont été victimes de mutilations sexuelles pratiquées dans 30 pays africains, du Moyen Orient et de l’Asie où ces pratiques sont concentrées.(1)
  • Elles sont pratiquées le plus souvent sur des jeunes filles entre l’enfance et l’âge de 15 ans.
  • Les MSF sont une violation des droits des jeunes filles et des femmes.
  • L’OMS dénonce toutes les formes de mutilations sexuelles féminines, et l’Organisation est opposée à ce qu’elles soient pratiquées par le personnel médical (médicalisation des mutilations sexuelles féminines).
  • Le coût du traitement des complications découlant des mutilations sexuelles féminines dans 27 pays à forte prévalence s’élève à US$1,4 milliard par an.

La mutilation est le plus souvent pratiquée par des circonciseurs traditionnels, qui jouent souvent un rôle central dans les communautés, notamment en tant qu’accoucheurs. Dans de nombreux endroits, les MSF sont pratiquées par le personnel médical du fait de la croyance erronée selon laquelle l’intervention est moins dangereuse lorsqu’elle est médicalisée.  L’OMS engage vivement les professionnels de santé à ne pas se livrer à de telles pratiques.

Les mutilations sexuelles féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes. Elles sont le reflet d’une inégalité profondément enracinée entre les sexes et constituent une forme extrême de discrimination à l’égard des femmes. Elles sont presque toujours pratiquées sur des mineures et constituent une violation des droits de l’enfant. Ces pratiques violent également les droits à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique, le droit d’être à l’abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsqu’elles ont des conséquences mortelles.

Types de mutilations sexuelles féminines

Les mutilations sexuelles féminines se classent en 4 catégories:

  • Type 1 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien (petite partie externe et visible du clitoris et partie sensible des organes génitaux féminins) et/ou du prépuce/capuchon clitoridien (repli de peau qui entoure le clitoris).
  • Type 2 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien et des petites lèvres (replis internes de la vulve), avec ou sans excision des grandes lèvres (replis cutanés externes de la vulve).
  • Type 3 : l’infibulation: rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repositionnant les petites lèvres, ou les grandes lèvres, parfois par suture, avec ou sans ablation du prépuce/capuchon et gland clitoridiens (type 1).
  • Type 4 : toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.

La désinfibulation fait référence à la pratique consistant à sectionner la cicatrice vaginale chez une femme qui a subi une infibulation, ce qui est souvent nécessaire pour améliorer la santé et le bien-être ainsi que pour permettre les rapports sexuels ou faciliter l’accouchement.

Aucun bienfait pour la santé, seulement des dangers

Les mutilations sexuelles féminines ne présentent aucun avantage pour la santé et sont préjudiciables à bien des égards aux jeunes filles et aux femmes. Elles comportent l’ablation de tissus génitaux normaux et sains ou endommagent ces tissus et entravent le fonctionnement naturel de l’organisme féminin. D’une manière générale, plus l’intervention est importante (correspondant ici à la quantité de tissus endommagés) plus les risques augmentent. Cependant, toutes les formes de mutilations sexuelles féminines sont associées à un risque accru pour la santé.

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/female-genital-mutilation

Parmi les risques auxquels sont exposées les filles et les femmes victimes d’excision, il est possible de citer :

  • Des douleurs intenses : la vulve, les lèvres et le clitoris sont des parties du corps très innervées. Couper des tissus sensibles des organes génitaux cause des douleurs extrêmes, d’autant que les mutilations sexuelles féminines sont rarement pratiquées sous anesthésie. Par ailleurs, la cicatrisation peut se révéler douloureuse dans des contextes où le suivi des soins reste précaire. Tout au long de leur vie, les femmes peuvent continuer à ressentir des douleurs en raison de l’emprisonnement ou de l’absence de protection des terminaisons nerveuses.
  • Des saignements voire une hémorragie. Des saignements se produisent de façon immédiate. Dans certains cas, il s’agit même de véritables hémorragies, pouvant alors entrainer la mort.
  • Des infections : les conditions d’hygiène précaires (par exemple le fait d’utiliser le même instrument pour exciser plusieurs filles) peuvent être à l’origine d’infections. Par la suite, les mutilations sexuelles féminines peuvent entraîner de multiples infections vulvaires, urinaires ou gynécologiques, qui peuvent mener à la stérilité. La diffusion des infections sont susceptibles d’entraîner des septicémies qui, sans traitement adéquat, peuvent être mortelles.
  • La mort peut être causée au moment de l’acte par des hémorragies ou des infections, y compris le tétanos et le choc.
  • Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) : l’utilisation d’un même instrument non stérilisé pour l’excision de plusieurs filles est susceptible d’accroître le risque de transmission du VIH. Par ailleurs, l’augmentation du risque des saignements au cours des rapports sexuels, qui est fréquent lorsque la désinfibulation est nécessaire, peut accroître le risque de transmission du VIH.

Les filles et les femmes ayant été infibulées sont particulièrement exposées aux problèmes urinaires et menstruels : la fermeture quasi complète du vagin et de l’urètre peuvent empêcher l’urine et les menstruations de s’écouler normalement.

  • Les conséquences sur la vie sexuelle : les femmes ayant subi une mutilation sexuelle peuvent connaître des douleurs ou un plaisir sexuel diminué au cours des rapports sexuels, par exemple en raison des dommages liés à l’ablation de tissus sensibles tel que le gland du clitoris, de cicatrices résultant de leur excision ou encore de souvenirs traumatisants liés à l’intervention.
  • Les complications obstétricales : les femmes ayant subi une mutilation sexuelle féminine sont plus exposées à des complications telles que des saignements excessifs, des déchirures du périnée et ont souvent recours à des épisiotomies. Un travail prolongé ou un accouchement difficile peuvent être à l’origine de fistules obstétricales, qui deviennent alors des conséquences secondaires des complications liées aux mutilations sexuelles féminines.

Un accompagnement médical adéquat des femmes à l’accouchement réduit le risque de complications obstétricales : Une femme excisée vivant loin d’un poste de santé, en milieu rural a beaucoup plus de risques de complication qu’une femme excisée vivant dans un pays où le système de santé et développé et accessible.

  • Les répercussions sur le nouveau-né : les résultats d’une étude menée par l’Organisation mondiale de la Santé sur 28 000 femmes dans différents pays, prouvent que les mutilations sexuelles des mères ont des conséquences négatives sur les nouveau-nés : les taux de décès périnatal chez les nouveau-nés sont plus élevés pour les enfants des femmes ayant subi une mutilation sexuelle que pour les enfants des femmes n’ayant pas subi de mutilation (supérieur de 15 % pour les enfants dont les mères ont subi une mutilation de type I, de 32 % lorsque les mères ont subi une mutilation de type II, et de 55 % lorsqu’il s’agit d’une mutilation sexuelle de type III)

Informations empruntées au rapport : l’abandon des mutilations génitales féminines et de l’excision, Un examen attentif de pratiques prometteuses. PRP, USAID, 2007.

  • Les conséquences psychologiques : beaucoup de femmes décrivent les mutilations sexuelles féminines comme un traumatisme, en raison de la douleur extrême ressentie au moment de l’acte, du choc et de la force utilisée pour les empêcher de bouger. La douleur et/ou l’hémorragie peuvent entraîner un choc au moment de la mutilation. Des études ont également montré que les femmes excisées peuvent avoir une plus grande crainte des rapports sexuels ou connaître un état de stress post-traumatique, d’anxiété, de dépression, de perte de mémoire.

https://www.excisionparlonsen.org/comprendre-lexcision/quest-ce-que-lexcision/quels-sont-les-risques-lies-aux-mutilations-sexuelles-feminines/

Toutes les pathologies découlant des mutilations nécessitent des soins médicaux.

« Les coûts médicaux augmentent dans les pays à cause des conséquences tragiques de ces mutilations pour les femmes et les filles. Les autorités ont l’obligation morale de contribuer à mettre fin à cette pratique néfaste », estime le Dr Prosper Tumusiime, Directeur par intérim du Département Couverture sanitaire universelle et parcours de vie au Bureau régional OMS de l’Afrique. « Les mutilations sexuelles féminines font du tort aux filles, exposent les femmes qu’elles deviennent à un risque médical permanent et font peser une lourde charge sur les systèmes de santé qui sont contraints de les soigner. »

https://www.who.int/fr/news/item/06-02-2020-female-genital-mutilation-hurts-women-and-economies

https://www.who.int/reproductivehealth/topics/fgm/overview/fr/

UNICEF et les mutilations génitales féminines

Les mutilations génitales féminines sont des violations des droits de l’homme reconnues dans le monde.

Si les efforts ne sont pas intensifiés de manière drastique au niveau mondial, le nombre de filles et de femmes victimes de mutilations génitales féminines sera plus élevé en 2030 qu’aujourd’hui.

Tout en apportant son soutien à l’élaboration de politiques et de lois destinées à mettre fin aux mutilations génitales féminines et à les interdire, l’UNICEF s’emploie à en assurer la mise en œuvre et le respect. Nous contribuons également à donner aux filles exposées au risque de mutilations génitales féminines, ainsi qu’à celles qui en sont déjà victimes, un accès à des soins appropriés, tout en mobilisant les communautés pour réformer les normes sociales qui sous-tendent cette pratique.

 https://www.unicef.org/fr/protection/mutilations-genitales-feminines

Au niveau national 

L’excision, bien qu’interdite, continue de faire des milliers de victimes au Cameroun. Le ministère de la Promotion de la femme et de la famille indique miser sur l’information du public et la formation des responsables religieux et traditionnels pour lutter contre cette tradition.

https://www.allodocteurs.africa/mutilations-genitales-feminines-le-cameroun-lutte-toujours-contre-ce-fleau-5417.html

Campagne lancée par une ONG basée à Bamenda

« L’ampleur du sinistre étant particulièrement signalée dans quatre des dix régions du Cameroun.  Le phénomène touche plus de 20 pour cent de la population féminine, selon des statistiques officielles au ministère de la Promotion de la femme et de la Famille (MINPROFF). Les régions concernées sont le Centre, l’Est, l’Extrême-nord et le Sud-ouest, où l’on rencontre une forte concentration musulmane et animiste, mais également chrétienne à l’instar de Yaoundé, la capitale. Des études ont démontré que trois types de mutilations génitales féminines sont pratiqués au Cameroun. Il y a d’abord l’excision dite «Sunna», qui est l’ablation d’une partie du clitoris, ensuite la clitoridectomie qui est une ablation complète du clitoris avec des petites lèvres et enfin l’infibulation, c’est-à-dire une excision doublée d’une ablation des grandes lèvres avec suture des deux moignons. «Avant, on coupait avec les tiges de mil ; puis la lame rasoir et aujourd’hui nous utilisons le couteau», a précisé une ancienne exciseuse. En plus des conséquences psychologiques, les femmes ayant subi des mutilations génitales courent de nombreux risques, la contamination aux MST/Sida, au tétanos sans exclure la mort proprement dite. Le code de la famille ne reconnaît pas les mutilations génitales féminines, ce qui expose des exciseuses à des peines privatives de liberté et à des amendes pécuniaires. »

https://federationgams.org/2016/09/30/campagne-contre-le-repassage-des-seins-lexcision-cameroun/